Rencontre avec Denise HOLSTEIN,
une jeune fille rescapée du camp d'Auschwitz
Denise Holstein est née à Rouen au sein d’une famille juive. Elle vit une enfance heureuse jusqu’au déclenchement de la guerre. Après de multiples périples pour échapper aux arrestations visant les Juifs (exode vers le sud de la France cause de bombardements …) Denise Holstein et ses parents sont arrêtés durant la plus grande rafle de Rouen le 15 janvier 1942. La famille Holstein est déportée à Drancy (camp de transit situé en proche banlieue parisienne). Mais Denise est rapidement séparée de ses parents car elle a attrapé la diphtérie et les oreillons. Elle est envoyée à l’hôpital. Ses parents, eux, sont directement déportés vers Auschwitz II Birkenau, en Pologne, où ils seront assassinés dès leur arrivée.
Rétablie, Denise Holstein rejoint à Paris les maisons d’enfants juifs orphelins et parvient à poursuivre ses études au lycée Lamartine. Durant l’été 1942, la jeune lycéenne de 17 ans est conduite au centre de l’Union Générale des Israélites de France (U.G.I.F) de Louveciennes (dans les Yvelines) où elle devient monitrice d’un groupe d’enfants. Mais le 22 juillet 1944, le centre de Louveciennes est découvert. L’ensemble des enfants et des moniteurs (dont Denise) sont arrêtés, internés à Drancy, puis déportés à Auschwitz. Durant le pénible trajet jusqu’en Pologne, plusieurs enfants vont mourir (de faim, d’épidémie…). A l’arrivée, les soldats SS font descendre brutalement les prisonniers des wagons. Ceux-ci se retrouvent sur la rampe de sélection. Chaque prisonnier est dirigé dans une des deux files : soit celle qui va les conduire vers le travail forcé, soit celle qui conduit directement aux chambres à gaz, c’est-à-dire à la mort. Denise Holstein est alors avec le groupe de jeunes enfants dont elles s’est occupée à Louveciennes. Elle cherche à les protéger, les prend par la main. Avant que la sélection soit faite, un prisonnier lui ordonne de ne pas donner la main aux enfants. Un peu plus loin, ce prisonnier revient vers elle pour lui dire de lâcher la petite fille qu’elle avait prises dans ses bras parce qu’elle pleurait. Il lui fait comprendre que c’est le seul moyen pour survivre. C’est ce qui va la sauver et lui éviter d’être sélectionnée pour la mauvaise file. Denise Holstein est retenue pour le travail forcé.
Denise va travailler dans différents Kommandos. Épuisée, malade, elle séjourne à l’hôpital à deux reprises. Les conditions de vies sont terribles : manque de nourriture, froid, épuisement au travail, brimades, coups… Lorsque nous l’avons rencontrée, Denise nous a d’ailleurs expliqué que ce travail n’était d’aucune utilité et avait pour seul objectif l’anéantissement des prisonniers. C’est ce que Primo Levi raconte également dans Si c’est un homme où il évoque la « déshumanisation des prisonniers » par le travail notamment, mais aussi par la séance de tatouage et de tonte que subissait chaque prisonnier qui était sélectionné pour le travail à Auschwitz.
Le 27 janvier 1945, le camp d’Auschwitz est libéré par les troupes de l’Armée rouge (URSS). Atteinte du typhus, Denise Holstein est mise en quarantaine. A la fin du mois de mai 1945, elle rejoint Paris où elle retrouve sa grand-mère, son arrière-grand-mère, son frère et ses cousins.
C’est par le biais d’un extrait de son livre « Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz… » que notre professeur d’histoire, Mme Avinain, nous a fait découvrir l’expérience de Denise Holstein. Le 30 mars 2012, nos professeurs nous ont accompagnés à Antibes afin d’assister à une pièce de théâtre écrite par Manuel Pratt à partir des témoignages de femmes déportées. Cette pièce est interprétée par Corinne Casabo, seule comédienne sur scène.
Apres la représentation, nous avons eu le privilège de rencontrer Denise Holstein. Elle nous a raconté son épouvantable parcourt. Elle nous a plus particulièrement parlé des enfants de Louveciennes et de ses parents. Durant toute sa détention à Auschwitz, Denise a gardé l’espoir que ses parents étaient morts dans les bras l’un de l’autre. Malheureusement, elle a compris par la suite que cela n’avait pas pu se produire puisque les hommes et les femmes étaient séparés.
D’après ce que nous avons pu constater mes camarades et moi-même, Denise Holstein accorde beaucoup d’importance aux enfants qu’elle a encadrés. Elle semble toujours s’interroger sur le choix qu’elle a dû faire.
Denise Holstein nous a également fait part de l’étrange relation qu’elle a entretenue avec son frère à sa sortie du camp. Surement effrayé par ce qu’il s’y était passé et surtout par ce qu’ont dû endurer leurs parents, son frère n’a jamais voulu entendre parler de son expérience dans les camps. Sans doute une façon de se protéger de cette effroyable réalité qui mena à la mort plus de 6 millions de Juifs…
Son récit terminé, Denise Holstein nous a invités à lui poser des questions. Sa prestation, était vraiment touchante. Le sujet de la Shoah, est quelque chose de très délicat à aborder, surtout avec des personnes qui l’ont vécue. Nous qui avons pu rencontrer plusieurs témoins cette année, nous savons que témoigner n’est pas une chose facile à faire et que l’émotion peu parfois prendre le dessus. Néanmoins, Denise Holstein a été très chaleureuse avec nous et nous a expliqué que témoigner dans les établissements scolaires est très important pour elle. De même, elle estime que les voyages de la mémoire jusqu’à Auschwitz-Birkenau sont nécessaires pour les jeunes ‘aujourd’hui.
A notre tour, nous sommes donc devenus les témoins de ces personnes et d’une lourde page de l’histoire.
Article de Mathilde DEVILLERS
Rétablie, Denise Holstein rejoint à Paris les maisons d’enfants juifs orphelins et parvient à poursuivre ses études au lycée Lamartine. Durant l’été 1942, la jeune lycéenne de 17 ans est conduite au centre de l’Union Générale des Israélites de France (U.G.I.F) de Louveciennes (dans les Yvelines) où elle devient monitrice d’un groupe d’enfants. Mais le 22 juillet 1944, le centre de Louveciennes est découvert. L’ensemble des enfants et des moniteurs (dont Denise) sont arrêtés, internés à Drancy, puis déportés à Auschwitz. Durant le pénible trajet jusqu’en Pologne, plusieurs enfants vont mourir (de faim, d’épidémie…). A l’arrivée, les soldats SS font descendre brutalement les prisonniers des wagons. Ceux-ci se retrouvent sur la rampe de sélection. Chaque prisonnier est dirigé dans une des deux files : soit celle qui va les conduire vers le travail forcé, soit celle qui conduit directement aux chambres à gaz, c’est-à-dire à la mort. Denise Holstein est alors avec le groupe de jeunes enfants dont elles s’est occupée à Louveciennes. Elle cherche à les protéger, les prend par la main. Avant que la sélection soit faite, un prisonnier lui ordonne de ne pas donner la main aux enfants. Un peu plus loin, ce prisonnier revient vers elle pour lui dire de lâcher la petite fille qu’elle avait prises dans ses bras parce qu’elle pleurait. Il lui fait comprendre que c’est le seul moyen pour survivre. C’est ce qui va la sauver et lui éviter d’être sélectionnée pour la mauvaise file. Denise Holstein est retenue pour le travail forcé.
Denise va travailler dans différents Kommandos. Épuisée, malade, elle séjourne à l’hôpital à deux reprises. Les conditions de vies sont terribles : manque de nourriture, froid, épuisement au travail, brimades, coups… Lorsque nous l’avons rencontrée, Denise nous a d’ailleurs expliqué que ce travail n’était d’aucune utilité et avait pour seul objectif l’anéantissement des prisonniers. C’est ce que Primo Levi raconte également dans Si c’est un homme où il évoque la « déshumanisation des prisonniers » par le travail notamment, mais aussi par la séance de tatouage et de tonte que subissait chaque prisonnier qui était sélectionné pour le travail à Auschwitz.
Le 27 janvier 1945, le camp d’Auschwitz est libéré par les troupes de l’Armée rouge (URSS). Atteinte du typhus, Denise Holstein est mise en quarantaine. A la fin du mois de mai 1945, elle rejoint Paris où elle retrouve sa grand-mère, son arrière-grand-mère, son frère et ses cousins.
C’est par le biais d’un extrait de son livre « Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz… » que notre professeur d’histoire, Mme Avinain, nous a fait découvrir l’expérience de Denise Holstein. Le 30 mars 2012, nos professeurs nous ont accompagnés à Antibes afin d’assister à une pièce de théâtre écrite par Manuel Pratt à partir des témoignages de femmes déportées. Cette pièce est interprétée par Corinne Casabo, seule comédienne sur scène.
Apres la représentation, nous avons eu le privilège de rencontrer Denise Holstein. Elle nous a raconté son épouvantable parcourt. Elle nous a plus particulièrement parlé des enfants de Louveciennes et de ses parents. Durant toute sa détention à Auschwitz, Denise a gardé l’espoir que ses parents étaient morts dans les bras l’un de l’autre. Malheureusement, elle a compris par la suite que cela n’avait pas pu se produire puisque les hommes et les femmes étaient séparés.
D’après ce que nous avons pu constater mes camarades et moi-même, Denise Holstein accorde beaucoup d’importance aux enfants qu’elle a encadrés. Elle semble toujours s’interroger sur le choix qu’elle a dû faire.
Denise Holstein nous a également fait part de l’étrange relation qu’elle a entretenue avec son frère à sa sortie du camp. Surement effrayé par ce qu’il s’y était passé et surtout par ce qu’ont dû endurer leurs parents, son frère n’a jamais voulu entendre parler de son expérience dans les camps. Sans doute une façon de se protéger de cette effroyable réalité qui mena à la mort plus de 6 millions de Juifs…
Son récit terminé, Denise Holstein nous a invités à lui poser des questions. Sa prestation, était vraiment touchante. Le sujet de la Shoah, est quelque chose de très délicat à aborder, surtout avec des personnes qui l’ont vécue. Nous qui avons pu rencontrer plusieurs témoins cette année, nous savons que témoigner n’est pas une chose facile à faire et que l’émotion peu parfois prendre le dessus. Néanmoins, Denise Holstein a été très chaleureuse avec nous et nous a expliqué que témoigner dans les établissements scolaires est très important pour elle. De même, elle estime que les voyages de la mémoire jusqu’à Auschwitz-Birkenau sont nécessaires pour les jeunes ‘aujourd’hui.
A notre tour, nous sommes donc devenus les témoins de ces personnes et d’une lourde page de l’histoire.
Article de Mathilde DEVILLERS