Paris :
dans l'atelier de l'artiste Shelomo SELINGER
"Nous sommes rescapés des dessins de Shelomo Selinger"
Le Lundi 6 Février, notre classe s'est rendue à Paris dans le but de rencontrer Shelomo Selinger. Ce jour-là, il faisait un froid mordant, mais ce n'était rien comparé de ce qu'il a vécu pendant cette atroce période.
En 1942, Shelomo, âgé de 14 ans est déporté de Pologne au camp de travail de Faulbrück en Allemagne. Pendant la Shoah, il perd sa mère et sa sœur, déportées et assassinées par les nazis. Trois mois après son arrivée à Faulbrück, il assiste, impuissant, à l'assassinat de son père, mort noyé par étouffement après qu'un Kapo lui ait introduit un tuyau rempli d'eau dans la gorge. Il se retrouve alors seul dans l'univers concentrationnaire.
Shelomo Sélinger va connaître neuf camps successifs (Faulbrück, Gröditz, Markstadt, Fünfteichen, Grossen-Rosen, Flossenbürg, Dresden, Leitmeritz, et enfin Theresienstadt) et subir deux marches de la mort auxquelles il a survécu. Il a frôlé la mort à trois reprises, sauvé à chaque fois de façon miraculeuse. La première fois il a été sélectionné pour la pendaison. Il a échappé à celle-ci en raison du nombre trop important de détenus devant mourir ce jour-là. La deuxième fois, il a été condamné à de nombreux coups de fouet, et donc à une mort certaine. Mais il échappe à celle-ci grâce à un "marché" conclu avec le kapo : il n'aurait "que" le fouet s'il ne criait pas. Pour finir à la fin de la guerre, après une longue marche de la mort, il est retrouvé agonisant sur un tas de cadavres. Un médecin militaire soviétique le voit et l'extirpe de l'enchevêtrement des corps. Cet homme appartenant à l'Armée Rouge s'acharne à ramener à la vie. Shelomo Selinger survit, une fois de plus, mais va garder d'importantes séquelles : durant sept ans, il perd complètement la mémoire.
Le début de son activité artistique (sculpture et dessin) va coïncider avec le retour des premières bribes de sa mémoire enfouie. Peu à peu, ses souvenirs refont surface... et le replongent à nouveau dans le monde de l'anéantissement.
Après avoir vécu pendant dix ans en Israël (de 1946 à 1956), Shelomo Selinger et sa femme Ruth viennent s'installer en France, à Paris où il s'inscrit aux Beaux Arts.
Les œuvres de Shelomo Selinger représentent l'enfer concentrationnaire : le travail épuisant, les humiliations, les sélections vers les chambres à gaz, la mort omniprésente etc. ...
Pour créer ses dessins, il utilise tout l'espace et organise sa feuille en procédant à un découpage. Face à ses œuvres nous ne pourrons jamais rester que témoins de ce qu’il a vécu et de ce qui surgit encore dans les cauchemars de ses nuits et les pensées de ses jours. Mais ses dessins expriment une telle intensité de souffrance qu'ils permettent de mieux saisir ce qu'ont enduré les déportés.
Ce lundi 6 février 2012, Shelomo Selinger nous a gentillement fait visiter son premier atelier du XVe arrondissement qui abrite ses statues en granit, en bois ou en bronze, représentant des scènes bibliques, mais aussi la vie. On y voit des couples enlacés, des femmes enceintes avec des enfants dans leurs bras. Ses statues sont aussi un hymne à la vie et à l’amour.
Plus tard au cours de la matinée nous sommes allés dans son deuxième atelier qui se trouve au fond d'une petite cour d'un immeuble ancien. Nous avons pu y admirer d'autres statues, mais surtout Shelomo nous a fait une démonstration en taillant sous nos yeux une statue en bois qu'il n'avait pas encore achevée. Il lui suffit juste d'un marteau et d'un pilon, mais cela nécessite un savoir-faire minutieux.
Ensuite, Mr. Selinger nous a montré ses dessins de la Shoah un par un. C'est à travers ses dessins qu'il témoigne de son expérience concentrationnaire. Ceux-ci décrivent les scènes d'horreurs subies par les détenus.
Nous allons vous décrire quelques dessins qui nous ont particulièrement touchés : la mort de son père, décrite avec une émotion retenue et une scène d'assassinat d'enfants.
Le dessin de l'assassinat de son père montre un homme allongé sur le dos, en train de mourir étouffé avec un tuyau enfoncé dans la gorge et une pression d'eau permanente jusqu'à éclatement des viscères.
Puis vient le dessin qui montre des Kapos jetant de jeunes êtres innocents violemment et sans aucune pitié contre les murs.
Un troisième tableau nous a choqués : durant les marches de la mort, lorsqu'un juif était trop épuisé pour continuer à marcher, un SS enfonçait un crochet dans sa gorge afin de le trainer par terre.
Le dernier tableau qui nous a particulièrement heurté montre un homme qui a préféré mettre fin à ses jours en se jetant dans les barbelés. Ce dernier est mort électrocuté.
On peut donc constater que certains détenus préféraient se donner la mort eux-mêmes car ils ne pouvaient plus supporter ce qu'ils enduraient ou ce que leurs proches avaient enduré dans les camps.
Par peur de nous choquer, mais aussi parce que l'émotion était forte, Shelomo Selinger a voulu, à plusieurs reprises, arrêter ses explications. En effet, son témoignage était très touchant et difficile à entendre. Nous avons tous compris qu'il était néanmoins nécessaire que cette sombre réalité soit transmise. Shelomo Selinger a cependant tellement eu peur de nous traumatiser qu'il s'est excusé de nous montrer l'indicible.
Lorsque Mr. Selinger nous a montré ses dessins nous avions l'impression d'assister à ces horribles scènes. Les sentiments que nous avons ressentis ont été très forts : compassion, souffrance, tendresse, tristesse et admiration.
Par ailleurs, il nous a mis en garde contre la faiblesse de l'homme, il nous a fortement conseillés d'agir en permanence et de ne jamais se laisser influencer pour éviter la reproduction de cette catastrophe.
Malheureusement, malgré toutes ces démarches de transmission de la mémoire de la Shoah, l'antisémitisme est encore présent dans notre société comme nous l'ont montrés les meurtres de trois enfants toulousains, assassinés parce qu'ils étaient juifs.
ll nous parait donc important de participer à ce travail de mémoire dès l'adolescence.
"La vie des morts est de survivre dans l'esprit des vivants", Cicéron.
Article d'Amandine ASSELIN, Gwendoline MARINO, Clémence PRUNET, et Marion SANFOURCHE
Le dessin de l'assassinat de son père montre un homme allongé sur le dos, en train de mourir étouffé avec un tuyau enfoncé dans la gorge et une pression d'eau permanente jusqu'à éclatement des viscères.
Puis vient le dessin qui montre des Kapos jetant de jeunes êtres innocents violemment et sans aucune pitié contre les murs.
Un troisième tableau nous a choqués : durant les marches de la mort, lorsqu'un juif était trop épuisé pour continuer à marcher, un SS enfonçait un crochet dans sa gorge afin de le trainer par terre.
Le dernier tableau qui nous a particulièrement heurté montre un homme qui a préféré mettre fin à ses jours en se jetant dans les barbelés. Ce dernier est mort électrocuté.
On peut donc constater que certains détenus préféraient se donner la mort eux-mêmes car ils ne pouvaient plus supporter ce qu'ils enduraient ou ce que leurs proches avaient enduré dans les camps.
Par peur de nous choquer, mais aussi parce que l'émotion était forte, Shelomo Selinger a voulu, à plusieurs reprises, arrêter ses explications. En effet, son témoignage était très touchant et difficile à entendre. Nous avons tous compris qu'il était néanmoins nécessaire que cette sombre réalité soit transmise. Shelomo Selinger a cependant tellement eu peur de nous traumatiser qu'il s'est excusé de nous montrer l'indicible.
Lorsque Mr. Selinger nous a montré ses dessins nous avions l'impression d'assister à ces horribles scènes. Les sentiments que nous avons ressentis ont été très forts : compassion, souffrance, tendresse, tristesse et admiration.
Par ailleurs, il nous a mis en garde contre la faiblesse de l'homme, il nous a fortement conseillés d'agir en permanence et de ne jamais se laisser influencer pour éviter la reproduction de cette catastrophe.
Malheureusement, malgré toutes ces démarches de transmission de la mémoire de la Shoah, l'antisémitisme est encore présent dans notre société comme nous l'ont montrés les meurtres de trois enfants toulousains, assassinés parce qu'ils étaient juifs.
ll nous parait donc important de participer à ce travail de mémoire dès l'adolescence.
"La vie des morts est de survivre dans l'esprit des vivants", Cicéron.
Article d'Amandine ASSELIN, Gwendoline MARINO, Clémence PRUNET, et Marion SANFOURCHE