La Boue,
une pièce-documentaire de Manuel PRAT
(théâtre Bonsaï d’Antibes)
« Le sang n’est rien, l’esprit est tout, car les mots sont plus fort que les coups »,
extrait de La Boue de Manuel Pratt.
À notre arrivée au théâtre Bonsaï d’Antibes, nous avons été accueillis par Corinne Casabo, interprète de la pièce documentaire La Boue, écrite et mise en scène par Manuel Pratt. La salle du théâtre était petite et sombre, nous plongeant immédiatement dans l’atmosphère de la pièce. La pièce de théâtre est interprétée par une seule comédienne qui joue le rôle d’une femme livrant ses souvenirs de la déportation dans l’intimité de son salon. Le texte fait des va-et-vient entre la période de la guerre et aujourd’hui, mêlant souvenirs à fleur de peau et réflexions actuelles. Cette femme raconte l’horreur des camps, les vies broyées par les coups, la mort qui guette au quotidien et l’espoir étouffé par la boue. Nous avons assisté à cette pièce avec une grande émotion car grâce à notre voyage d’étude à Auschwitz nous pouvions mettre en commun nos images du camp avec l’histoire de ce personnage.
Une fois la pièce terminée, nous avons pu faire la connaissance de Denise Holstein, rescapée d’Auschwitz. Denise Holstein, originaire de Rouen, nous a tout d’abord conté son histoire. Arrêtée à l’âge de 16 ans, et envoyée à Drancy avec ses parents, elle sera déportée un an plus tard à Auschwitz. Elle sera libérée à la fin de la guerre et reviendra en France à l’âge de 18 ans et retrouvera son frère envoyé au STO (servie du travail obligatoire). Malheureusement, le dialogue entre Denise Holstein et son frère ne fonctionna pas, car la souffrance était trop grande au fond de chacun pour pouvoir en parler. Denise Holstein ne racontera pas son histoire pendant 25 ans jusqu’au jour où un professeur alors en contact avec elle, l’invite à témoigner. Madame Holstein a essayé et les mots lui sont venus facilement. Depuis, elle ne cesse de témoigner auprès des collégiens et des lycéens dans le but d’échanger avec les élèves et pour que personne n’oublie le désastre de la Shoah.
Article de Gaétan ALLAVENA, Clément LAJOIE et Paul MOSSER